La chasse au gibier durable avec l’expert Gert Michiels

Gibier local : une viande durable dans votre assiette

En automne, les plats de gibier font traditionnellement leur grand retour à la carte des restaurants. Cela étant, la chasse est encore souvent vue d’un mauvais œil. Un phénomène totalement injustifié, selon l’association Hubertus Vereniging Vlaanderen (HVV). Gert Michiels, expert en gibier et responsable du centre d’expertise, réfute certains préjugés et explique en quoi la chasse peut réduire notre empreinte écologique.

Une réglementation stricte

« Ces préjugés sont souvent dus à l’ignorance », explique Gert Michiels. « Avec la Hubertus Vereniging Vlaanderen, nous souhaitons renseigner les populations sur la chasse et surtout soutenir cette pratique en mettant un peu plus en avant le secteur. À cet effet, nous nous appuyons sur des recherches scientifiques. Par ailleurs, il faut savoir que la chasse est l’une des activités les plus strictement réglementées, tant au niveau belge qu’européen. Des examens théoriques et pratiques stricts doivent être réussis pour avoir le droit de tirer. Les terrains de chasse doivent également être agréés et sont soumis à des heures d’ouverture précises. Sans parler des permis supplémentaires. »

Un élément de l’écosystème

Gert Michiels : « La chasse est beaucoup plus durable que les pépinières traditionnelles, ce qui est tout à fait logique. Comparez l’empreinte écologique d’un animal en liberté, tel qu’un chevreuil dans la forêt, à celle d’un bovin provenant d’une ferme. Le chevreuil faisait partie intégrante d’un écosystème, contribuant à maintenir la biodiversité en mangeant et en digérant les plantes qui l’entourent, permettant à certaines cultures de pousser plus facilement et à d’autres espèces animales et organismes de se développer. »

La gestion du gibier

La lutte contre les prédateurs fait également l’objet d’un vif débat. Est-il vraiment nécessaire de contrôler certaines populations ? La sélection naturelle ne permet-elle pas de résoudre ce problème ? « C’est en effet un sujet controversé », admet Gert Michiels. « Cela a peut-être été le cas dans le passé, mais nous parlons alors de l’époque où les prédateurs ne survivaient que grâce à leurs proies. Grâce à l’intervention de l’homme – et surtout de ses déchets –, les populations se sont considérablement renforcées et on les retrouve en grand nombre. Les animaux se sont mis à s’adapter, le renard en est le parfait exemple. D’ailleurs, ce que beaucoup de gens ignorent, c’est qu’en tant que chasseurs, nous analysons l’ensemble de l’écosystème d’une zone de chasse. Nous examinons minutieusement les populations. S’il n’y a pas de surpopulation, l’espèce ne sera pas chassée. »

Une évolution considérable

« La chasse est en fait la base de notre existence. Quand on y pense, nous sommes initialement des chasseurs-cueilleurs. Vers le Moyen-Âge, cette pratique s’est progressivement transformée en une activité réservée à l’élite. Ce qui n’est plus du tout le cas aujourd’hui. La chasse, c’est une gestion globale, c’est prendre soin du gibier et éventuellement en prélever une partie. La chasse, c’est bien plus que des tirs de fusil », poursuit Gert Michiels. « L’activité elle-même a également connu pas mal de changements. La numérisation et l’informatisation occupent une place centrale dans notre secteur. Nous sommes obligés de tenir la situation à l’œil et de transmettre nos conclusions. Nous avons personnellement mis en place une plateforme numérique à cet effet et, en 2020, une véritable application de chasse a même vu le jour : Wilder. L’application est destinée à la saisie d’observations individuelles, de rapports de dommages, etc. Le chasseur obtient des informations plus rapides et plus précises sur son répertoire de chasse. Cela lui permet de prendre des mesures plus ciblées. Les chasseurs ne sont pas les seuls à pouvoir utiliser cette application. Par exemple, si des sangliers ont mis votre jardin sens dessus dessous, vous pouvez le signaler directement au garde-chasse de votre région. »  

Le plat de gibier préféré

Gert Michiels réfléchit un instant. « Si je dois vraiment faire un choix, je dirais que rien n’égale un délicieux filet de chevreuil, sans conteste le meilleur morceau de gibier qui existe ! Surtout si on va le chercher et qu’on le prépare soi-même. D’ailleurs, mes enfants raffolent également de cette pièce d’exception. Ils ne sont pas contre un bon steak tout droit venu du fermier voisin, mais rien ne vaut le chevreuil ! Je recommande vivement à tout le monde d’y goûter ! Je tiens à souligner que, même lorsque vous achetez du gibier, vous devez penser au principe du circuit court. Mangez local. Le gibier d’élevage ne manque pas sur le marché, à l’image du lièvre d’Argentine ou du cerf élaphe de Nouvelle-Zélande. Mais n’oublions pas que ces pièces s’accompagnent d’une empreinte écologique considérable. Cela dit, j’ai l’intime conviction que les chefs soucieux de leurs produits se tournent à chaque fois vers le local. »

Nous analysons minutieusement les populations de gibier. S’il n’y a pas de surpopulation, l’espèce ne sera pas chassée.